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St Nazaire-Noel 2010- un vent glacial balaye le ruban bleu. Emmitouflé dans ma grosse écharpe, je cherche désespérément  le dernier cadeau ruineux que je me dois d’offrir avec sourire. Mais pour l’instant, mon sourire reste figé par le froid. Je ne sens plus mes oreilles et mon nez coule. Quand au tournant d’un magasin, sous une alignée d’affiches  annonçant « moins 40% », j’ai vu un groupe de bonnets rouges  s’agiter dans tous les sens en fixant, comme hypnotisés, un autre individu qui s’agitait tout autant, visiblement sous l’emprise d’une substance autorisée, « l’enthousiasme ». C’était le chef de cette bande d’originaux regroupés sous le nom de chorale. Un petit panneau annonçait d’ailleurs leur nom,  à ces extra terrestres : Kaleidos Song.

Le répertoire terminé, tous les spectateurs applaudirent chaleureusement la prestation. Autre avantage, ça réchauffait aussi les mains. Je me suis laissé dire que la joyeuse troupe s’est empressée de rejoindre une bassine de vin chaud pour se réchauffer la gorge.

21 juin 2011- le vent fort s’était levé de bon matin, pas moi. La pluie avait fini par rejoindre son ami le vent et je me préparais à passer un week end tranquille, quand le hasard et mon envie d’entendre les artistes de la fête de la musique, m’ont amené à croiser de nouveau les extra terrestres. Les costumes, cette fois, avaient changés. Fini la parka molletonnée, le bonnet lapon et l’écharpe en laine naturelle, vive le kway rouge, le cirée jaune et le parapluie. Je me suis dit « Ces gens ont un chic pour choisir la couleur de leur costume de scène. Ils débordent d’imagination, et toujours avec autant d’énergie ». A cet instant, une question me taraude un peu tout de même. Choisissent-ils les jours de concert en fonction de la météo, pour respecter le choix de leur costume de scène, ou l’inverse? Bon peu importe. Je me dis « jacques, mon garçon, as-tu tous ces accessoires dans ta garde robe ?» la réponse étant positive je me suis décidé, ce jour là, d’entreprendre une démarche d’intégration dans cette chorale.

Ce qui fut fait : « bonjour, moi c’est jacques » et aussi, « bonjour, moi c’est jacques ».

Septembre 2011- premières répétitions avec les  « qu’hommes ». re… « Bonjour, moi c’est jacques » et  première répétition, puis… on boit un coup et on mange un gâteau. Je me suis dit… « C’est la rentrée !! ». Mais le mardi suivant, rebelote : on répète, on boit un coup et on mange un gâteau. Jacques a tenté de me rassurer « non, mais ce n’est pas tous les mardis comme ça, faut pas croire ! ». N’ayant pas encore tout décodé de cette étrange chorale je suis resté tout de même sur mes gardes, prêt à me battre pour garder la main mise sur mon régime.

Et depuis, chaque mardi, je vois l’entrée dans la salle de répétition comme une salle de classe remplie de gamins qui sont contents de se retrouver après les grandes vacances. Ça cause dans tous les sens, ça rigole, ça chahute. J’ai pensé « C’est la rentrée ! » et bien non !  Chaque mardi soir, la bande se retrouve avec l’envie de causer, de chanter, de rigoler, de faire des blagues et de chanter, de causer, de chanter, de chanter……

Voilà pourquoi  je suis resté.

Jacques le nouveau